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26 février 2010 5 26 /02 /février /2010 06:37

CHAMP CLOS

 

[tout au long de ce texte, les phrases entre crochets doivent être lues comme notes infrapaginales]

 

A Noureddine Lamouchi, grand connaisseur de Sartre

 

Dans un texte où il cite la fameuse réplique où Sartre a fait tenir la leçon de Huis clos - "L'Enfer c'est les autres" -, Castoriadis fait le commentaire suivant :

"L'auteur de cette phrase était sans doute certain qu'il ne portait rien en lui-même qui fût d'un autre (sans quoi il aurait pu tout aussi bien dire que l'Enfer c'était lui-même). Il a d'ailleurs récemment confirmé cette interprétation, en déclarant qu'il n'avait pas de Surmoi. Comment pourrions-nous y objecter, nous qui avons toujours pensé qu'il parlait des affaires de cette terre comme un être surgi d'ailleurs" [L'institution imaginaire de la société, IIS, p. 147-148, ou p. 160 dans la collection Points : ce commentaire se rapporte à deux citations, données sans nom d'auteur, parce que, croyons-nous, les lecteurs de "Socialisme ou Barbarie" reconnaissaient sans peine Sartre et Merleau-Ponty - mais c'est moins évident pour ceux qui les découvrent dans le livre où ce texte a pris place après coup].

Certes, il ne s'agit pas d'une étude sur Sartre, et encore moins d'une thèse de doctorat. Il s'agit seulement d'une note en bas de page, dont la disparition n'aurait fait aucun tort au livre d'où son auteur aurait bien pu la retrancher - après avoir relu sa version initiale, qui s'inscrivait dans une tradition pamphlétaire, fort éloignée du style de l'ouvrage achevé.

Comme l'a dit Koyré, il serait ridicule, "dans une oeuvre dramatique de grande envergure (...) de chercher le porte-parole de l'auteur", dont la pensée ne doit pas être confondue avec celle du personnage fictif dans la bouche duquel il place une réplique : dans telle pièce de Shakespeare, quand Macbeth s'écrie que la vie n'est qu'une ombre qui passe, "un conte conté par un idiot, et qui ne signifie rien", il ne formule pas la pensée de Shakespeare, mais le désarroi qui succède à la mort de Lady Macbeth [cf. Alexandre Koyré, Introduction à la lecture de Platon, p. 18 ; Cornelius Castoriadis, Figures du pensable, p. 50]. De même, dans Huis clos, lorsque Garcin découvre que "l'Enfer c'est les autres", c'est l'aboutissement d'un procès dramatique, une prise de conscience qui le surprend lui-même : "Alors c'est ça l'Enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril, l'Enfer c'est les autres".

Cela n'a rien à voir avec le solipsisme qu'on prête, bien à tort, à "l'auteur de cette phrase". Même si Sartre ne l'avait pas expliqué, il est clair que "les autres" n'empoisonneraient pas notre propre existence s'ils n'étaient pas, d'abord, "ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous. Nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné de nous juger" ["Commentaire parlé", dans Théâtre complet, 2005, p. 137 ; Un théâtre de situations, 1992, p. 282]. Il est bien vrai que Sartre présente le conflit comme "le sens originel de l'être-pour-autrui" : "Pendant que je tente de me libérer de l'emprise d'autrui, autrui tente de se libérer de la mienne, pendant que je cherche à asservir autrui, autrui cherche à m'asservir" [L'être et le néant, p. 413 dans la collection TEL]. Mais l'emprise d'autrui n'est pas violence pure, elle se sert de l'amour, et de l'estime qu'on éprouve pour lui, et il ne s'agit même pas d'un thème sartrien : c'est l'héritage commun d'une génération où comptent aussi Bataille, Caillois, Lacan, Queneau et bien sûr Merleau-Ponty, auditeurs assidus d'Alexandre Kojève... C'est Merleau, justement, qui avait retrouvé dans Huis clos les thèses de Kojève : "Si les autres sont l'instrument de notre supplice, c'est parce qu'ils sont d'abord indispensables à notre salut. Nous sommes mêlés à eux de telle façon qu'il nous faut, tant bien que mal, établir l'ordre dans ce chaos". Et c'est encore lui qui, à partir de Hegel, soutient que les rivaux ne peuvent s'affronter que parce qu'ils sont pareils, et qu'ils aspirent à la même satisfaction : "La conscience du conflit n'est possible que par celle d'une relation réciproque et d'une humanité qui nous est commune (...) et cet autre en qui je voyais d'abord mon rival, il n'est mon rival que parce qu'il est moi-même" [Sens et non-sens, Nagel, 1948, pp. 74 et 118].

 

 

Les rivaux se ressemblent

 

Castoriadis, lui-même, pense-t-il autre chose ? Quelques pages avant celle où il se moque de Sartre, il prenait au sérieux le soupçon qui pèse sur l'idée d'une autre société, qui pourrait n'être que "projection de désirs qui ne s'avouent pas, vêtement de motivations qui restent cachées pour ceux qui les portent". Selon ses détracteurs, "elle ne sert qu'à véhiculer, chez les uns, un désir de pouvoir ; chez d'autres, le refus du principe de réalité, le phantasme d'un monde sans conflit où tous seraient réconciliés avec tous et chacun avec soi-même, une rêverie infantile qui voudrait supprimer le côté tragique de l'existence humaine" [IIS, p. 135]. Question inévitable, dont il admet que « même si personne ne la posait, celui qui parle de révolution doit se la poser à soi-même » - et il sait bien, d'ailleurs, par sa propre expérience, que les tenants d'une société fraternelle sont capables de vivre cette fraternité comme des frères ennemis. Il sait bien, par exemple, "que le mensonge, l'insinuation, le procès d'intention et la hargne ne sont nullement le privilège des staliniens, et que des gens se proclamant prêts à mourir pour la vérité et l'autonomie de la classe ouvrière sont tout autant que d'autres capables de s'en servir et d'en être motivés" [L'expérience du mouvement ouvrier, tome 1, 1974, p. 262].

Remarque "pessimiste", qui ne contredit pas la visée "optimiste" d'une société dans laquelle je pourrai "rencontrer autrui comme un être pareil à moi et absolument différent, non pas comme un numéro, ni comme une grenouille perchée sur un autre échelon (inférieur ou supérieur peu importe) de la hiérarchie des revenus et des pouvoirs. (...) Je ne compte pas que les hommes se transformeront en anges, ni que leurs âmes deviendront pures comme des lacs de montagne - qui m'ont du reste toujours profondément ennuyé. Mais je sais combien la culture présente aggrave et exaspère leur difficulté d'être, et d'être avec les autres, et je vois qu'elle multiplie à l'infini les obstacles à leur liberté [IIS, p. 137]". Tout lecteur de Kojève retrouvera ici la logique du désir de reconnaissance, qui ne peut aboutir qu'à partir du moment où le sujet qui aspire à être reconnu comprend qu'il doit lui-même reconnaître les autres, dont la reconnaissance ne vaudrait rien pour lui, si elle lui était donnée par des êtres qu'il ne reconnaît pas lui-même : tel est bien, chez Kojève, l'équivalent des "racines subjectives du projet révolutionnaire" que Castoriadis nous présente dans ce texte.

Qu'est-ce donc qui l'oppose aux formules qu'il cite, sans nommer leurs auteurs, bien qu'on y ait reconnu Sartre et Merleau-Ponty - le premier pour "l'Enfer", le second pour un "maléfice" qui pourrait affecter "l'existence à plusieurs" ? A moins de réduire leur pensée à une phrase, il pourrait s'agir d'une querelle byzantine, et nous pourrions le croire, si nous ne savions rien des querelles plus sérieuses qui les ont opposés sur le plan politique.

 

 

Les enjeux politiques

 

La question reste obscure, si on ne dispose pas de tous les documents, dont l'accès, aujourd'hui, n'est plus tellement facile. On trouve en librairie toute l'oeuvre de Sartre, et notamment les textes repris dans "Situations (VI, VII et X)", où figurent, entre autres "Les communistes et la paix", la "Réponse à Lefort" et l'entretien où Sartre évoque ce conflit, plus de vingt ans après... Mais on ne trouve plus, hors des bibliothèques, l'article de Lefort, ni ceux que Castoriadis avait repris dans la collection 10-18, quand les textes de "Socialisme ou Barbarie" répondaient à l'attente d'un public éveillé par Mai 68. La réception des oeuvres s'organise autrement, dans une époque où Sartre, Lefort, Castoriadis et Merleau-Ponty sont désormais perçus comme des philosophes, dont les débats seraient circonscrits au champ clos des disputes philosophiques, quel qu'ait pu être, en fait, leur engagement dans le "siècle" [Faut-il le préciser, je parle ici du "siècle" au sens que lui donne une phrase de Foucault, celle où il dit que le siècle, un jour, sera deleuzien : il ne s'agit nullement du "vingtième siècle", mais d'un autre public que celui qui assiste aux disputes des "clercs" dans le champ clos des enceintes universitaires].

Cette situation crée des effets pervers : la querelle entre philosophes fait oublier le sens d'un débat politique, dont les enjeux concrets ne sont même plus compris. Ainsi pourrait-on croire qu'il s'agit d'un débat sur la "nature humaine", et si on peut concevoir "l'existence à plusieurs" comme une altération, survenue après coup, telle une chute dans l'univers du conflit, à un être adamique, solitaire et heureux. Comme si Merleau-Ponty avait pu ignorer que l'existence humaine est immédiatement "existence à plusieurs", et comme si, dans Huis clos, la souffrance que s'infligent les partenaires du drame ne présupposait pas le désir, et l'amour. Il faut le souligner, dans cette perspective, la dispute serait futile et scolastique, Sartre et Merleau-Ponty seraient en droit de dire, ou bien que leur critique ne les a pas compris, ou bien qu'il fait semblant, et que cette querelle se greffe sur une autre - ce qui est bien le cas. Sur cette autre querelle, ils ne reviennent pas : leur ligne de défense y serait moins solide.

 

 

Politique de Sartre

 

Que dit Sartre, en effet, après Mai 68, dans les entretiens où il répond à ses amis gauchistes qui l'interpellent sur le temps où il était un compagnon de route du parti communiste et un défenseur du régime soviétique ? Sans doute, accorde-t-il, « il aurait fallu un mouvement à la gauche du PC », mais « nous [l'équipe des Temps Modernes] étions tentés de prendre l'idéologie du PC pour la pensée ouvrière, parce que, à l'époque, en 50-55, il n'y en avait pas d'autre (...), parce qu'il n'y avait rien à gauche du PC. A l'époque, la situation était bloquée. La classe ouvrière était en reflux, jusque vers 65, et le PC se durcissait et se bloquait » [On a raison de se révolter, 1974, pp. 37-41].

Que veut-il dire, au juste, quand il affirme pendant l'été 68 que « les communistes ont peur de la révolution » et se déclare favorable « à ce qu'un mouvement révolutionnaire se constitue hors du PC et à sa gauche » [Situations VIII p. 223] ? Que signifie, pour lui, l'idée d'un mouvement à la gauche du PC ? Il ne dit pas un mot du contenu social que doit viser le mouvement révolutionnaire, - la Russie soviétique, et la Chine de Mao, sont toujours à ses yeux des pays socialistes : ce qu'il reproche aux Russes, c'est d'avoir inventé, pour justifier la "coexistence pacifique", l'absurde théorie d'un "passage pacifique au socialisme", faisant l'économie de la révolution. Et ce qu'il reproche aux communistes français, c'est de s'être amollis, comme s'étaient amollis les sociaux-démocrates. L'idée qu'il se fait d'un groupe "plus à gauche" ou "moins à gauche" que le parti communiste le ramène à ses souvenirs des années 30, et à l'opposition entre Blum et Thorez : l'esthète stendhalien, qui exerce le pouvoir, en 1936, comme un "gérant loyal" d'un régime qu'il a renoncé à détruire, et le rude "fils du peuple" qui ne répugne pas à se salir les mains... Comme il l'explique en 1973, « la révolution implique la violence et l’existence d’un parti plus radical qui s’impose au détriment d’autres groupes plus conciliants. Conçoit-on l'indépendance de l'Algérie sans l'élimination du MNA par le FLN ? Et comment reprocher sa violence au FLN quotidiennement confronté pendant des années à la répression de l'armée française, à ses tortures et à ses massacres ? Il est inévitable que le parti révolutionnaire en vienne à frapper également certains de ses membres. Je crois qu'il y a là une nécessité historique à laquelle nous ne pouvons rien ». Castoriadis observe, après avoir cité cette interview de Sartre, que ses sophismes sont purement staliniens : "parce que l'armée française exerce la répression, les révolutionnaires doivent s'exterminer les uns les autres ; mais que disaient d'autre les avocats de Staline, lorsqu'ils invoquaient le danger nazi pour justifier les procès de Moscou ?" [L'expérience du mouvement ouvrier, tome 1, 1974, p. 248]

On comprend mieux l'idée qu'avant mai 68, "il n'y avait rien à gauche du PC", ce qui ne veut pas dire : aucun groupe capable de critiquer la politique stalinienne. Sartre veut dire qu'il n'y avait aucune force capable de conduire des luttes, et de faire concurrence au parti communiste sur son propre terrain, comme sauront le faire - c'est du moins ce qu'il croit - les militants "maos" de la "Gauche Prolétarienne". C'est la réponse qu'il fait à ceux qui lui objectent l'existence du groupe "Socialisme ou Barbarie" : c'était une chapelle, "un petit machin de rien du tout" [Situations X, pp. 181-183]. Cela n'est pas douteux, mais ne justifie pas les ambitions que Sartre nourrissait à l'époque, croyant parler au nom d'une nouvelle gauche : "une gauche indépendante et en liaison avec le PC". Castoriadis, alors, lui objectait à bon droit que « pour qu'une 'gauche indépendante' se forme dans la réalité, il faut que des gens, et des ouvriers en premier lieu, y adhèrent. Pour qu'ils y adhèrent plutôt qu'au PC, il faut que des raisons les opposent à ce dernier. Et il faut qu'il s'agisse de raisons fondamentales, non de nuances ou de cheveux coupés en seize ». Dès lors que Sartre admet que les partis communistes ont raison de présenter l'URSS comme un Etat ouvrier, « les critiques adressées à leur politique deviennent secondaires et même gratuites (...) Une organisation indépendante ne pourra donc se former qu'à condition de pouvoir montrer que les divergences qui la séparent du stalinisme sont fondamentales, c'est-à-dire concernent la nature même du stalinisme, en URSS et ailleurs. (...) Dans ces conditions, pourra-t-elle être 'en liaison avec le PC' ? Il est ridicule même de se poser la question » [L'expérience du mouvement ouvrier, tome 1, 1974, pp. 188-189].

 

 

Politique de Merleau-Ponty

 

S'il faut vraiment lier la question politique et la querelle portant sur "l'Enfer c'est les autres", il faudrait, croyons-nous, remonter à l'époque où Merleau-Ponty avait devancé Sartre dans son rôle futur de "compagnon de route" - et surtout à son livre "Humanisme et Terreur", où il voulait sauver la "visée humaniste" qu'il attribuait au marxisme stalinien, et dont témoignaient les aveux de Boukharine, et d'autres accusés des procès de Moscou ? Ces aveux, - dont Khrouchtchev expliquerait plus tard qu'ils étaient obtenus par la torture, conduisant l'accusé "à un état d'inconscience, de privation de son jugement, d'abandon de la dignité humaine" - avaient été compris, philosophiquement, comme l'expression d'une "culpabilité objective", et de "choix déchirants entre la politique et la moralité" - comme le rappelle Castoriadis, dans un texte où il commente le "rapport secret" de Khrouchtchev : "l'opposition avait besoin d'alliés, elle aurait pu utiliser les koulaks, ceux-ci auraient pu échapper à son contrôle, et réussir à restaurer le capitalisme - donc l'opposition aboutissait objectivement à préparer la restauration du capitalisme..." ["Rideau sur la métaphysique des procès", La société bureaucratique, SB, réédition de 1990, p. 344-345].

Explication risible, comme l'invocation, formulée dans ce livre, d'un "maléfice de l'existence à plusieurs". Cette métaphysique embrouillait la question, autant et plus que celle qu'y introduirait Sartre, et qui montre aussi bien « comment l’intelligence, la culture et le talent concoururent à épaissir les ténèbres » [Lefort, Eléments d'une critique de la bureaucratie, réédition de 1978, p. 7] - puisqu'il faut reconnaître, en même temps que leur usage perverti, "l'intelligence, la culture et le talent" de ces deux philosophes, dont la philosophie devrait faire l'objet d'une étude aussi "dépassionnée" que possible. Mais que dire du traitement "existentialiste" des procès de Moscou, et des contradictions inhérentes à l'exercice d'un pouvoir prolétarien ?

"Dire qu'un conflit entre 'morale' et 'efficacité', entre 'intentions' et 'résultats', entre 'programme' et 'réalité' a pris à la gorge les dirigeants et les opposants russes de 1923 à 1939", c'est tout simplement dire que les uns et les autres "ne pouvaient plus se situer sur le terrain de la problématique révolutionnaire" ; "c'est dire que la société russe après 1923 a été dominée par cette même scission fondamentale entre la vérité et l'efficacité, l'intérieur et l'extérieur, la direction - qui sait, calcule et agit - et l'exécution - qui ignore, attend et subit - qui est constitutive d'une société d'exploitation" [SB, p. 345]. Le drame des bolcheviks, que Merleau-Ponty croit fonder sur les contradictions inhérentes au projet révolutionnaire, ne peut rien nous apprendre sur ces contradictions, dont l'expérience était sûrement instructive, mais qui avait eu lieu, longtemps avant que s'ouvrent les procès de Moscou :

"On aurait pu discuter des contradictions insolubles auxquelles peut se heurter la politique révolutionnaire, non pas à propos des procès de Moscou, ni même des 'capitulations' de 1928 qui les commandent, mais à propos de Kronstadt, par exemple (...) Mais en même temps, il eût été alors impossible de ramener Boukharine à Socrate, Lénine à Oedipe et Trotsky à l'Apprenti sorcier, de supprimer les questions propres à la révolution par le 'maléfice de la vie à plusieurs' et d'aboutir à ce désert du scepticisme politique où, quoiqu'on dise par ailleurs, tout se vaut, où tous les projets se fanent tôt ou tard, où toute perspective d'action rationnelle est finalement abolie" [SB, p. 346].

On l'aura remarqué, Castoriadis formule ses critiques à l'encontre d'Humanisme et Terreur en 1956 - date du rapport Khrouchtchev, bien que Merleau-Ponty ait déjà publié les Aventures de la dialectique, où il s'est lui-même critiqué, avant de critiquer les positions de Sartre ; mais cette autocritique conclut à l'abandon des positions marxistes, comme à celui du projet révolutionnaire. Est-ce pour cette raison que Castoriadis va monter en épingle, avec la citation de Sartre sur l'Enfer, la phrase où il s'interroge sur "un maléfice de l'existence à plusieurs" ?

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